Moi, j’aime pas trop le football en fait. Je sais bien que dans le milieu
rock indé, rock critic’ on est souvent attaché au côté « stades, peuple d’en
bas qui est sincère, vibration collective » du ballon rond, tout en
faisant un parallèle avec l’enthousiasme des salles de concert, les idoles et
les belles prestations. Je sais bien que des tas de groupes que j’adore
déclarent une passion sans limite pour le club A ou B, la ville de M. ou de L.
(sur Mersey), mais… désolé, sorry, depuis la Coupe du Monde de 1978 et cette
histoire de Schpountz qui assomment fourbement notre gardien en 1982, plus un
peu de joie quand les Gaulois ont gagné en 1998 la seule étoile « ever »
à porter sur leur maillot bleu… je suis un bien meilleur compagnon de l’ovalie et un vrai mordu de la
petite balle jaune (avantage, Federer).
De plus, mon poil se hérisse quand le bombardement médiatique démarre dès
le matin, avec l’interview d’un attaquant gominé au vocabulaire hésitant,
renforcée par les déclarations de son entraîneur arrogant et à la syntaxe
vacillante. Sans compter les allégations permanentes sur les mœurs sexuelles présumées
sodomites des habitants de Marseille ainsi dépeintes par des Parisiens à poil
ras et bas (et vice-versa, par ailleurs), plus les bagarres en tout genre autour
des bistrots et le vil drapeau de monarchies pétrolières amorales flottant sans
pudeur sur les stades de cités superbes.
Bantam Lyons nous disent par
bravade ou défi vouloir être Peter Crouch, un grand gaillard British de 2
mètres 03 et à l’allure improbable. Dont acte, « ceci n’est pas une pipe »
titrait un autre artiste, un autre jour et cela ne l’empêchait pas de nous
ravir.
Ravi, on l’est par la musique prenante et diabolique de Bantam Lyons.
Shoegaze ou post rock, c’est comme vous voulez mais en tout cas envoûtant et
obsédant. Leur EP, c’est la B.O. d’un film où un train rouillé foncerait à
travers les villes en traversant les gares, pulvérisant les quais et conduit
par un ingénieur fou, avec le regard allumé des héros du Métropolis de Fritz Lang.
On y entend une voix sensible, attachée aux aigus et collée à des claviers
acides façon « grand messe » et qui nous guide dans ce brouillard
sensible. Nul doute que ces quatre garçons assez barbus ont un cœur grand comme
ça et des ambitions aussi hautes que Peter Crouch, dominant de la tête et des
épaules ceux qui grouillent et s’agitent sur le terrain musical actuel. On les
verra aux Inouïs du Printemps de Bourges le 27 avril et je pressens un score de
flipper pour ces farouches Bretons.
Jérôme « walk alone » V.
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