mardi 24 mars 2015

Je ne veux pas être Peter Crouch mais plutôt être ami avec les Bantam Lyons

Moi, j’aime pas trop le football en fait. Je sais bien que dans le milieu rock indé, rock critic’ on est souvent attaché au côté « stades, peuple d’en bas qui est sincère, vibration collective » du ballon rond, tout en faisant un parallèle avec l’enthousiasme des salles de concert, les idoles et les belles prestations. Je sais bien que des tas de groupes que j’adore déclarent une passion sans limite pour le club A ou B, la ville de M. ou de L. (sur Mersey), mais… désolé, sorry, depuis la Coupe du Monde de 1978 et cette histoire de Schpountz qui assomment fourbement notre gardien en 1982, plus un peu de joie quand les Gaulois ont gagné en 1998 la seule étoile « ever » à porter sur leur maillot bleu… je suis un bien meilleur  compagnon de l’ovalie et un vrai mordu de la petite balle jaune (avantage, Federer).
De plus, mon poil se hérisse quand le bombardement médiatique démarre dès le matin, avec l’interview d’un attaquant gominé au vocabulaire hésitant, renforcée par les déclarations de son entraîneur arrogant et à la syntaxe vacillante. Sans compter les allégations permanentes sur les mœurs sexuelles présumées sodomites des habitants de Marseille ainsi dépeintes par des Parisiens à poil ras et bas (et vice-versa, par ailleurs), plus les bagarres en tout genre autour des bistrots et le vil drapeau de monarchies pétrolières amorales flottant sans pudeur sur les stades de cités superbes.
Bantam Lyons nous disent par bravade ou défi vouloir être Peter Crouch, un grand gaillard British de 2 mètres 03 et à l’allure improbable. Dont acte, « ceci n’est pas une pipe » titrait un autre artiste, un autre jour et cela ne l’empêchait pas de nous ravir.
Ravi, on l’est par la musique prenante et diabolique de Bantam Lyons. Shoegaze ou post rock, c’est comme vous voulez mais en tout cas envoûtant et obsédant. Leur EP, c’est la B.O. d’un film où un train rouillé foncerait à travers les villes en traversant les gares, pulvérisant les quais et conduit par un ingénieur fou, avec le regard allumé des héros du Métropolis de Fritz Lang. On y entend une voix sensible, attachée aux aigus et collée à des claviers acides façon « grand messe » et qui nous guide dans ce brouillard sensible. Nul doute que ces quatre garçons assez barbus ont un cœur grand comme ça et des ambitions aussi hautes que Peter Crouch, dominant de la tête et des épaules ceux qui grouillent et s’agitent sur le terrain musical actuel. On les verra aux Inouïs du Printemps de Bourges le 27 avril et je pressens un score de flipper pour ces farouches Bretons.


Jérôme « walk alone » V.
écoutez ICI