Neil Young, Bruce Springsteen, Los Angeles, Slayer, voila de
quoi on parle avec H-Burns, un après-midi, dans les locaux de Because Music,
près de Barbès. Renaud Brustlein, tout vêtu de noir, assis dans un vieux
fauteuil rafistolé, a accueilli Songazine pour une visite musicale.
Le côté prolo et proche
des gens
Son nouvel album Night
Moves est teinté de plusieurs influences. On y retrouve du Neil Young
avec On
The Beach sur lequel il s’est inspiré de l’ambiance. Il décrit l’album :
« J’adore ce disque. Quand Neil
Young l’a écrit, il était au sommet de sa gloire mais en même temps en pleine
déprime. Dans cet album, on trouve la coolitude californienne avec derrière une
douce déprime. »
Didier l’Embrouille est le premier fan de Dick Rivers après
Dick Rivers lui-même. Renaud Brustlein est le premier fan de Bruce Springsteen
après le Boss lui-même. « C’est The
Boss, Bruce Springsteen est partout dans ma vie ! Cet homme a l’avantage sur
ces influences qui ne sont pas que musicales. C’est presque de la
sociologie. J’aime l’énergie qu’il dégage, sa longévité, sa sociabilité et
sa carrière. J’aime le côté prolo du mec et proche des gens, »explique-t-il.
De cette admiration, sortent deux albums, Nebraska
« pour son côté tréfonds de l’album
solo » et Darkness On The Edge
of Town avec sa « puissance
dépressive. »
C’est ce côté prolo, proche des gens que s’inspire H-Burns
sur le public. « Le côté springstieenien
c’est de pouvoir toucher le spécialiste de musique indé du XIème arrondissement
comme le routier qui écoute radio autoroute. Je trouve super de passer sur FIP
et en même temps sur Radio Autoroute. »
Le songwriter américain Elliot Smith, a joué une influence
fantomatique durant l’enregistrement. « Nous avons travaillé avec son producteur Rob Schnapf, et dans le studio
trônait des guitares, dont celle d’Elliot Smith. J’ai eu la chance de composer
avec les siennes. »
Troy Von Balthazar et A.A. Bondy ont collaboré avec lui dans
son nouvel opus. Il raconte sa
participation avec eux : « A.A.
Bondy a enregistré le disque Believers en 2011. C’est l’album qui m’a donné
envie de travailler avec lui. J’en ai parlé à Rob qui est son producteur aussi.
Il est parti le voir. Le lendemain, il était au studio. Il a voulu jouer avec
nous car il était amusé qu’on puisse traverser le monde juste pour jouer avec
lui, à cause d’un disque. C’est une chouette histoire ! » Quant à
Troy Von Balthazar : « C’est
une histoire de connexion. Il joue dans le groupe Chokebore. C’est un ami d’une
amie qui joue avec Cat Power. On s’est vus, et le courant est passé. Nous avons
joué directs ensemble. Il se trouve, en plus, qu’il avait enregistré un album
dans le même studio. C’est un peu small world. C’est fun. »
Tacos, Corona et Amoeba
Los Angeles, la cité des anges, Renaud Brustlein et sa bande
y sont partis enregistrés le disque. Il en garde un très bon souvenir de son
séjour. Entre manger dans le plus vieux diner
de la ville le Musso and Frank
et faire une virée nocturne sur les collines d’Hollywood à la recherche de la
maison de David Lynch dans Lost Highway,
il explique l’ambiance de la Californie : « Sympa est le mot qui résume mon séjour. C’était
à la cool. Tu fais du midi-minuit sans jamais être stressé. Rien à voir avec
Paris. » Notre guitariste a réussi à prendre le rythme
californien : « pendant un
mois, nous avons vu des mecs manger des tacos, boire de la Corona, fumer des
cigarettes magiques. C’était vraiment détente. Au premier moment tu peux être
perturbé par cette ambiance mais une fois que tu l’as c’est cool. Au bout de
deux semaines j’étais dans le bain, et j’étais dégouté de partir. »
Pour un bon séjour rock à L.A. il faut suivre le guide
H-Burns. Un endroit pour trouver un disque rock : « L’Amoeba est le plus grand disquaire de rock
indé au monde. C’est tellement
immense que j’ai dû faire trois rayons le premier jour. J’étais obligé de
revenir le lendemain, pour continuer mes recherches. C’est une véritable
bibliothèque sur trois étages. Il y a de tout, des caisses remplies de vieilles
cassettes, de vieux magazines. Tu veux vraiment fouiller, il faut y rester une
semaine. Un véritable féru de musique meurs d’une crise cardiaque dès qu’il
rentre dans le magasin. »
La nuit, si ça vous tente de faire un concert allez à The
Echo : « C’est une salle de
concerts cool. Une fois sur deux de bons groupes passent le soir. C’est en
quelque sorte la salle indé de Los Angeles. »
Un vrai groupe qu’est
ce que c’est ?
Le rock d’aujourd’hui selon H-Burns : « Nous vivons dans une époque superficielle.
Il existe trop de calculs de la part des jeunes groupes. La communication, le
visuel passent avant les chansons. Ils sont toujours dans le calcul pour courir
après l’air du temps, pour savoir ce que les gens aiment entendre. Nous ne
vivons pas dans une époque les plus marquantes en matière de rock. » Il
enchaîne sur la définition d’un vrai band :
« un groupe de musique est celui qui
se construit autour des chansons. Ils sont en perpétuelle évolution. Ils se
remettent en question sur chaque disque. Ils vont au bout des choses. S’ils
veulent faire un disque de clavier, ils vont le faire, même si la mode des
claviers s’était il y a cinq ans. Le cheminement personnel doit être privilégié
face à ce que l’auditeur pourrait éventuellement entendre. C’est devenu rare
aujourd’hui pour un groupe. »
Sur ces bonnes paroles, H-Burns est prêt à reprendre la route
pour nous jouer Night Moves. Une
moitié d’album serait déjà écrite, pour le lieu d’enregistrement du prochain le
choix se porte sur l’Ecosse : « Je
voudrais enlever l’image américaine, faire un contre-pied. Ça fait deux albums
qu’on compose aux USA. Les gens ne parlent que de l’Amérique. L’Ecosse est un
pays intrigant. C’est d’une rare beauté sauvage et en même temps d’une laideur
postindustrielle, comme à Glasgow, mais qui peut être inspirante
musicalement. »
A la fin de cette consultation musicale, Il nous raccompagne
à la porte d’entrée comme le ferait un médecin, « J’ai l’impression parfois d’être un généraliste avec son client, quand
je raccompagne les journalistes, » sourit-il « N’oubliez pas de prendre vos médicaments, »
en serrant la main. Sur ces derniers conseils, Night Moves est à écouter
« la nuit dans une grande ville,
avec un casque. C’est un disque de casque ou de voiture. C’est là qu’il prend
toute son ampleur. »
Thomas Monot
Prescription musicale d’H-Burns :
Une chanson sous la
douche : « Ce N’est Rien de Julien Clerc. Magnifique
chanson et les paroles sublimes. Je pense aussi à Holidays de Michel Polnareff.
Je suis très Nostalgie sous la douche, même si
je n’ai pas l’habitude de chanter dessous. »
Pour se donner du
courage : « Avant un concert, je me mets du Roy
Orbison. C’est un vieux crooner des années 50-60. J’éteins la lumière et je
l’écoute. Ça me met dans le bain direct. »
Une énervée : « Raining Blood de Slayer. Je ne me suis pas énervé depuis longtemps. Ma
période énervée date de mon ère métal quand j’avais 14-19 ans. Un de mes plus
beaux concerts était Slayer en première partie de Machine Head, à Lyon en 1994.
Je crois que c’est ce groupe qui m’a donné envie de faire de la musique. Il y
avait aussi les Guns et Metallica. »
Une pour la joie de
vivre : « Tu Peux Préparer le Café Noir, d’Eddy
Mitchell. Je suis en train te régaler avec ma playlist Nostalgie. »
Un album favori : “Highway
61 Revisited de Bob Dylan. J’aime bien sa verve. La liberté de parole
mélangée avec une sauvagerie rythmique. C’est un disque fleuve. Il existe une
folie dans ce disque. C’est vraiment l’instant de la vie d’un homme qui est au
sommet de son art. »
H-Burns, aka Renaud Brustlein |