Attention, hautes fréquences poétiques, vibrations sonores génératrices d’émotion
puissante. Je ne transigerai pas sur les louanges.
Rodolphe Burger
et Philippe Poirier, deux des membres fondateurs de l’immense groupe Kat Onoma
en sortent ensemble un disque de reprises aka « R.B. et P.P. play Kat Onoma »
et c’est juste très, très beau. Ces versions de chansons bien connues des fans
ont une patine et une ambiance tout à fait magnifique : lentes, posées,
avec la voix encore plus grave de Burger surplombant de son canyon cet ensemble
d’orchestrations majestueuses. L’album vous propulse dans un Far-West empli d’arpèges,
de lumière et de classe. Parcourez-le, à volume fort comme une tequila de
contrebande.
« The Radio » monument électrique, ce western ébouriffé, plein de 6-coups et d’étincelles jaillissantes
en version d’origine devient languissante et voluptueuse dans cette nouvelle édition,
et le texte de Jack Spicer ressort encore plus beau, plus évocateur.
« The Gun » prend tout son sens, les cartes de poker énumérées
font apparaître une partie fantôme où Billy the Kid va dégainer puis s’envoler
dans la poussière, sur un cheval-mouvement devenu fou. « Will You dance »
est plein de grâce, de délicatesse et d’amour retenu. On croirait presque aux
miracles avec « Lady of Guadaloupe », imaginant une petite chapelle
blanche brûlant sous un soleil implacable, là-bas au Sud où poussent les cactus
et meurent les desperados qui ont trop jeunes braqué des banques. On déposera
une fleur noble sur la tombe de l’ancien trompettiste de Kat Onoma, Guy « Bix »
Bickel, never forgotten, parti bien trop tôt dans les cieux d’azur qui s’étirent
au-dessus du Colorado, celui qui d’une seule note définitive et répétée tétanisait
une chanson majestueuse comme « The Animals »...
Et bien sûr, on conclura en disant « Billy the Kid, I love you… »,
ou plus exactement Rodolphe Burger et Philippe
Poirier, we love you.
Grande musique, élégance inouïe, ce qu’il faut absolument faire aimer à nos
enfants et à tous ceux qui nous sont chers. Sans relâche, sans fatigue et sans délai.
C’est la radio qui m’a appris la mort de Billy the Kid.
Jérôme « Radioactivity » V.