mercredi 22 avril 2015

Live report Plaza Francia @ La Clef Saint-Germain en laye le 21 04 2015

L’élégance ne se décrète pas, elle s’impose.
Quand les musiciens de Plaza Francia entrent sur scène, il est clair qu’ils en sont nimbés. Les deux vieux soldats du Gotan Project sont rivetés d’assurance intelligente et les deux autres hombres ont la jeunesse barbue comme passeport pour le succès. Puis, très attendue, la classe folle de Catherine Ringer et l’aura de souvenirs qui l’entoure déclenchent des applaudissements sincères. L’éclairage est beau, soigné, et pétille déjà.
Toni le robot, un savant dispositif constitué d’une véritable batterie farcie de baguettes commandées par des servomoteurs via un ordinateur ne dit rien quant à lui.
Il sait tout au fond de ses puces qu’il est élégant lui aussi, par ricochet des personnages qui l’entourent et des jolis spots qui l’éclairent avec grâce. Après deux jours de résidence et de répétitions, Plaza Francia est fin prêt à produire un magnifique set, où le tango et l’électronique feront bon ménage. Le public est conquis d’avance, souriant et ouvert. Nous ne sommes pas déçus, transportés même en une Argentine 2.0, possédant l’âme de Rita Mitsouko et la maestria des sorciers mutins Müller et Makaroff. Si l’on m’avait dit qu’un jour j’écouterais du tango et trouverais cela bien, j’aurais bien ri. Mais hier je n’ai pas ri, en revanche j’ai voyagé loin et j’ai été touché. C’était beau, chaud, vivant, cela faisait du bien au cœur comme au cerveau et le concert est passé en un souffle. Nous avons même eu deux beaux cadeaux : la reprise du Libertango de Grace Jones (Tu cherches quoi ? Moi aussi, je déteste la vie… ) et un émouvant remix-bouture du morceau « Santa Maria del Buen Ayr » avec « Marcia Baila », le télescopage des deux hits les plus fameux des artistes présents sur scène hier soir. Les rappels n’en finissaient pas, nous ne voulions pas les quitter.
Dans la nuit douce d’un 21 avril sans élections ni frustration, nous sommes rentrés chez nous, l’âme légère et la tête pleine de mélodies. La Seine brillait sous la lune, lisse et argentée comme un mar del plata au pays du drapeau blanc et bleu, de Borgès et de Piazzola. 
Toni le robot était déjà démonté mais souriait aussi dans sa caisse.
L’élégance, pensait-il en code binaire, elle ne se décrète pas, elle s’impose.


Jérôme «bandonéon » V.