mercredi 27 mai 2015

Dear Manchester, where has all your madness gone?

1997, The Hacienda ferme ses portes du 15 Withworth Street, M1 5DE, Manchester.
Cinq ans plus tard, le bâtiment est détruit.
Envolé, le lieu de naissance de la House Music. Disparues, les dernières réminiscences d’un Madchester exalté, où fleurissaient Happy Mondays, New Order, et autres Stone Roses.
Aujourd’hui, tout cela semble bien loin. Les artisans du courant post-punk qui a pris son essor au début des années 80 se sont éteint les uns après les autres sous le regard bienveillant des briques de la cité industrielle.
Tony Wilson et son label Factory Records partagent un coin du Cimetière Sud avec l’ingé son Martin Hannett. « Change alone is changeless », prévient son épitaphe.

Mais plutôt que de parler de changement –un terme qui peut être interprété ô combien différemment à la lumière des convictions politiques de chacun- parlons d’évolution. La scène Madchester, c’était le rock alternatif mélangé à la house, des synthés, du chant, et des coupes de cheveux bizarres.

En 2015, l’esprit rock n’a pas cessé d’humidifier les moindres recoins de la ville, accessoirement devenue un repaire d’étudiants débauchés. Vibrant City, disent les prospectus de la fac.

Et au milieu de tout ça, quelques piliers demeurent. The Charlatans, Inspiral Carpets, Noel Gallagher et Johnny Marr qui viennent dirent bonjour à leurs mamans respectives de temps en temps, quand ils ne partagent pas la scène de l’Arena. Mieux encore : on a parfois la surprise d’écouter un nouveau single, ou d’acheter un CD qui vient de sortir… pour retrouver ce son si particulier, enrichi de toutes ces évolutions.

Prenez le temps d’écouter Let Me Down. Les Inspiral Carpets continuent de tenir fièrement l’étendard de leur époque révolue, et le mélange des genres qui leur est si cher prend la forme d’une collaboration avec le seul poète punk ayant jamais existé, à Manchester et dans le reste du monde : John Cooper Clarke. Alors, quand dans une vidéo bien léchée, alternant chorégraphies modernes en couleurs sombres et plans du groupe décidément rétro jusqu’au bout des cordes, apparaît un fou en costume, qu’il se met à déclamer d’une voix qui a traversé les âges des paroles d’une absurde beauté, on peut se dire que… Manchester never really stopped being mad.

Juliette D.