1997, The Hacienda ferme ses portes du 15
Withworth Street, M1 5DE, Manchester.
Cinq ans plus tard, le bâtiment est détruit.
Envolé, le lieu de naissance de la House
Music. Disparues, les dernières réminiscences d’un Madchester exalté, où
fleurissaient Happy Mondays, New Order, et autres Stone Roses.
Aujourd’hui, tout cela semble bien loin. Les
artisans du courant post-punk qui a pris son essor au début des années 80 se
sont éteint les uns après les autres sous le regard bienveillant des briques de
la cité industrielle.
Tony Wilson et son label Factory Records
partagent un coin du Cimetière Sud avec l’ingé son Martin Hannett. « Change
alone is changeless », prévient son épitaphe.
Mais plutôt que de parler de changement –un
terme qui peut être interprété ô combien différemment à la lumière des
convictions politiques de chacun- parlons d’évolution. La scène Madchester,
c’était le rock alternatif mélangé à la house, des synthés, du chant, et des
coupes de cheveux bizarres.
En 2015, l’esprit rock n’a pas cessé d’humidifier
les moindres recoins de la ville, accessoirement devenue un repaire d’étudiants
débauchés. Vibrant City, disent les prospectus de la fac.
Et au milieu de tout ça, quelques piliers
demeurent. The Charlatans, Inspiral Carpets, Noel Gallagher et Johnny Marr qui
viennent dirent bonjour à leurs mamans respectives de temps en temps, quand ils
ne partagent pas la scène de l’Arena. Mieux encore : on a parfois la
surprise d’écouter un nouveau single, ou d’acheter un CD qui vient de sortir…
pour retrouver ce son si particulier, enrichi de toutes ces évolutions.
Prenez le temps d’écouter Let Me Down.
Les Inspiral Carpets continuent de tenir fièrement l’étendard de leur époque
révolue, et le mélange des genres qui leur est si cher prend la forme d’une
collaboration avec le seul poète punk ayant jamais existé, à Manchester et dans
le reste du monde : John Cooper Clarke. Alors, quand dans une vidéo bien
léchée, alternant chorégraphies modernes en couleurs sombres et plans du groupe
décidément rétro jusqu’au bout des cordes, apparaît un fou en costume, qu’il se
met à déclamer d’une voix qui a traversé les âges des paroles d’une absurde
beauté, on peut se dire que… Manchester never
really stopped being mad.
Juliette D.