lundi 25 mai 2015

Seasick Steve : Le Bataclan aux couleurs du Mississippi

Lors d’une belle soirée de mai, Seasick Steve, du haut de ses 74 ans et de sa longue barbe blanche, était au rendez-vous au Bataclan. Accompagné de son acolyte batteur Dan Magnusson, il a donné un magnifique concert de blues-rock. Le public, de jeudi soir, était composé de vieux briscards du rock comme de jeunes loups, avec au milieu des sosies du bluesman. Ils se sont amassés devant la scène, où la jeune et jolie Nina Attal a assuré, seule avec sa guitare acoustique la première partie.
Entracte.
La foule attendait impatiemment le guitariste, avec du Led Zeppelin, en fond sonore. Les lumières s’éteignent. Le maestro arrive armé d’une bonne bouteille de vin à la main. Il salue le public, caresse sa barbe blanche, rejoins sa vieille chaise qui doit être aussi âgée que lui, branche sa guitare, fais un signe de tête à son batteur. 
Let’s go to boogie ! Il enchaîne les chansons et les guitares entre deux gorgées de rouge et des petites histoires de femmes, de voyages, de voitures peuplant sa longue expérience rock’n’roll. Summertime Boy, Dog Gonna Play, Barracuda’68, et Roy’s Gang se suivent avec d’anciens morceaux de son répertoire. Cette dernière a été joué par une des ses guitares fabriqués par ses soins. Celle-ci, se compose d’une seule corde, d’un manche de guitare accolé à une planche à laver faisant office de caisse de résonance avec au dos une plaque d’immatriculation du Mississippi. On peut penser que ce bricolage ne marcherait pas et pourtant, elle sonne comme une vraie guitare électrique. Cet homme, à la casquette de routier et à la chemise de bûcheron, est un virtuose mais aussi un très grand romantique. Pour une de ses Love song, comme il les appelle,  il a choisi une damoiselle parmi plein de prétendantes dans le public. Elle est assise devant lui, gênée mais tout aussi impressionnée d’être en face de Steve. L’heureuse élue l’écoute et le dévore de ses yeux émerveillés par ce moment.
Sur scène, Seasick Steve est autant déchaîné que son batteur, il a mis au placard le poids des années. Il triture sa guitare. Il lui fait sortir des sons de ses entrailles. Il la fait couiner. Il se balade sur scène avec elle, ne la quittant que pour une autre après chaque chanson. C’est juste splendide. Après un rappel de trois titres, il finit en apothéose par un boogie infernal. Le batteur déchainé se lève et jette une cymbale au public pour clouer le spectacle. A peine remis de leurs émotions, les deux musiciens s’approchent du bord de la scène pour saluer, serrer des mains, signer des autographes à un public conquis. C’est une véritable ovation, pour ce gars qui a connu le succès à ses 60 ans. Les rockeurs présents, ses grattes, et lui ont fait corps le temps d’1 heure 30 de blues-rock.

Thomas Monot