vendredi 7 août 2015

Fléau (album éponyme) : Lost highway to Cosmos

Plus on chronique au sujet de la musique, plus on se pose des questions.
Pourquoi tout cela ?  Quelle rage pousse ces gens à créer ? Qu’est-ce que la beauté ? Mais à qui ce chorus me fait donc penser ? D’où venons- nous et où allons-nous ? Qui peut abattre cette truffe qui chante mal ? Où est le décapsuleur ?
Le rock critic –frénétique- hectique-zygomatique- apolitique finit par tourner un peu paranoïaque, assez bipolaire, complètement schizophrène et plein de TOCS.
Exemples : appuyer nerveusement sur next dès qu’un morceau commence, écouter les disques dans l’ordre inverse de la numérotation, lire les pochettes dans le moindre détail, imprimer les communiqués de presse en recto simple.
Pour se calmer, décompresser et retrouver une activité cérébrale apaisée, il faut de temps à autre que le rock critic puisse écouter avec sérénité-longévité un disque fort. Un enchaînement de titres puissants, d’accords et de notes pertinents qui mettent en pause ses angoisses, sa nervosité et ses doutes permanents sur la justification provisoire de la poursuite du chemin chaotique de l’espèce humaine dans l’océan noir et infini du Cosmos.
En écoutant l’intégralité de l’album éponyme de Fléau, ce fut chose faite, durant cette poignée de minutes hors des contraintes quotidiennes et viles que dure l’opus. Sept plages purement instrumentales antalgiques et douces, brumeuses et cotonneuses ou encore délicates comme des porcelaines synthétiques- sympathiques-Gymnastique.
Un souvenir fugace vint alors frapper les pensées de votre serviteur : l’écoute initiale et fondatrice, il y a fort longtemps de Ricochet, part I and II, de Tangerine Dream, un soir sous la couette, avec un gros casque branché sur un non moins gros radio-cassette posé au pied du lit et chargé de piles quasi-neuves. Et une pincée de september-remember-december- de la joie pure de découvrir The Man Machine, pour s’endormir béat-léger au son répété- adoré- signalé- connecté du thème final de Neon Lights, car ici le morceau Blanc Profond en porte quelques réminiscences fugaces. Fléau nous tisse une Aube fondatrice ou une Glass Cathedral bâtie sur des polyphonies profondes, parfaite B.O. d’images-éclairs constellées de grands vaisseaux aux réacteurs éteints et de planètes en deuil. Rien à voir avec Tangerine Dream et Kraftwerk, se cabreront soudain les puristes-maristes- tristes- à gros fists, si ce n’est l’utilisation par Fléau (aka Mathieu Mégemont) de multiples Crumar, Moog et Roland aux puces complices et oxydées par les années, ainsi que de son imagination fertile et de ses neurones agiles.
Et on se posera alors encore plus de questions, mais bien peu plus tard, en observant la pochette troublante du disque, où périt une araignée velue sous le dard d’un autre insecte menaçant-hydroptère-pervers-sévère.


Jérôme « EHX Holy Grail » V.