samedi 29 août 2015

Motocultor : le tracteur passe la seconde

Nouvelle récolte pour le festival à l’agricole appellation, et elle fût plutôt juteuse. 
Une ambiance bon vivant et une dimension humaine intactes malgré l’agrandissement notable d’un tiers supplémentaire des terres métallurgiquement cultivables et du budget alloué (1M d’€ pour 700K€ en 2014).
On a pu y voir pousser cette année une scène supplémentaire (ainsi qu’un nouveau bar sous chapiteau juste en face), nommée la Massey Ferguscene, juste jeu de mot en rapport au fameux constructeur de tracteurs et assimilés, accentuant l’attrait de ces nouvelles planches à remuer la terre. Ajout à la fois réjouissant puisque permettant d’accueillir plus de groupes, tantôt embêtant de par l’obligation de désormais devoir faire des choix entre les shows ; l’ancienne alternance entre la Dave Mustage (scène principale) et la Suppositor Stage (scène secondaire) qui nous permettait de tout voir, sans même devoir se déplacer pour peu que l’on se positionne entre les deux scènes, quel luxe ! Les concerts de la petite nouvelle démarrent en même temps que ceux de la Suppositor. Tant pis, on s’y fait !
Le stand de nourriture proposé ne relève en revanche pas vraiment le défi. Souvent beaucoup d’attente, passablement goûteuse et peu fournie. On peut comprendre le prix, même s’il reste trop élevé pour le produit proposé, en tant que soutien financier au festival. Bon point du côté du bar, puisqu’il propose du cidre (classique / blanc) savoureux et fort appréciable en festival !
Malgré la pluie et le vent, ce sont les français de NESSERIA qui ouvrent le bal. Un hardcore chaotique extrêmement puissant, propulsé par les hurlements oppressants et stridents d’un nouveau chanteur charismatique. Une grosse baffe, rien tel pour bien commencer !
La suite du festival fut marquée pour ma part par les prestations de
RISE OF THE NORTHSTAR - hardcore français lourd et technique à l’imagerie japonisante, on sent qu’ils sont bel et bien entrés dans la cour des grands ! Magnifiques tenues de scène, ambiance électrique et show soigné.
SOLSTAFIR – musique paradoxale, à l’étrange lourdeur qui nous fait nous envoler on ne sait où. Ce groupe reste absolument à écouter, fans de métal ou non, et à voir en concert. Le chanteur possède une puissance émotionnelle dans sa voix à faire frissonner la lune !
LITTLE BIG – un show inégal, passant du gros tube dansant au titre calme et plat. Malgré tout un bon moment, ces russes sont fous ! Leur électro-cinglée fait danser tout le monde, même les hardos !
GLORIOR BELLI – Wouaw ! Foncez écouter ce stoner blackisant (entendez hard rock groovy aux sonorités Black Metal) si vous ne connaissez pas ! Du gros son et un nouveau batteur au top !
SODOM – grand classique, les vieux thrashers allemands des 80’s sont visiblement increvables, le sourire aux lèvres de A à Z, et une voix et une énergie intactes, encore une claque !
MY SLEEPING KARMA – LA surprise du festival. Connaissant de nom et de loin, je les ai découverts à fond et de près. Impossible de décrocher de ce son envoûtant, psychédélique, instrumental. Quel plaisir d’entendre cette basse mise en valeur en tant qu’instrument à part entière ! On sent une vraie énergie entre les membres du groupe, qui sourient et bougent avec passion malgré les problèmes rencontrés pour se rendre sur le festival. Inoubliable !
VERBAL RAZORS – encore des frenchies ! Excellent groupe de Thrash de la scène Tourangelle. Vigueur, énergie et bonne humeur, what else ? Ce malgré un public éparse, le reste du public occupé à se jeter des rouleaux de PQ devant le grindcore allumé de GUTALAX.
SEPULTURA – Son parfait, chanteur et zikos survitaminés, public au taquet, concert magique. Là aussi, le Thrash hurle qu’il n’est pas mort, et que le soleil du Brésil coule dans ses veines !
ORANGE GOBLIN – les ricains en bonne forme malgré un son un chouilla trop léger à mon oreille. LE chanteur est un vrai titan, aussi haut que large, tout en bière, avec la voix qui va avec ! Très bon stoner rock.
OPETH – finissons le festival en douceur avec la musique de ces suédois, difficile à classer puisqe pouvant passer de l’agressivité à l’ambiant en quelques mesures. Tout le monde est un peu KO et ça se sent, mais heureux !

Le MOTOCULTOR voit plus grand et s’en sort franchement bien. Bien qu’encore hésitant sur certains points, comme la nourriture ou la gestion globale du nombre de festivaliers entrants sur le site/camping, il reste LE festival métal offrant le parfait compromis entre groupe de renommée, diversité et taille raisonnable. 
22500 entrées cette année contre 17000 l'année passée, belle performance ! On espère que les rumeurs de son extinction en 2017 en resteront aux rumeurs et que d'autres partenaires seront mobilisés pour maintenir ce merveilleux festival en vie.
Une fiesta quasi continue riche en rencontres, frissons musicaux et sacré défouloir, c’est à faire dans une vie ! Pourquoi ne pas commencer par celui-ci ? 
Un excellent point de départ pour tout curieux qui souhaiterait s’immerger dans l’univers onirique et houblonné des gentils chevelus qu’on appelle les Hardos.

Guillaume Vaillant