Je vais vous
parler ici et maintenant de Kyrie
Kristmanson & Quatuor Voce,
l’album Modern Ruin.
En
préambule, je tiens à vous préciser que mon activité de chroniqueur musical m’amène
à écouter beaucoup de (belles) choses mais aussi de sortir de ma « zone de
confort ». Si je me laissais aller, vous auriez des Joy Division tributes
toutes les semaines et des pages entières sur le punk, le reggae qui fume et le
rock and roll qui emballe en Cadillac, sans compter des tirades infinies sur la
TR-808.
Mais Songazine a du cœur, de l’estomac et se lance chaque jour sur les
mers enviables et désirées de la découverte. Le monde est vaste, cestui –là s‘en fut le parcourir.
Côté musique
vraiment « différente », voici donc le nouvel album de la canadienne
Kyrie K. Pas de riffs ni de larsen, pas de rythmique échevelée mais une voix
angélique accompagnée d’un quatuor à cordes. Ambiance étrange, chants
mystérieux, harmonies fines, sons
baroques… voilà qui surprend votre serviteur (NB : son épouse tend l’oreille
et se dit conquise par ces chants éthérés surgissant de son ordinateur
vespéral)
Mais, suivez
bien !
La démarche de cette chanteuse est remarquable, car elle s’est
lancée sur les traces des femmes-troubadours des XII éme et XIII ème siècles,
allant explorer les ruines de châteaux-forteresses des temps jadis et chevaleresques
de notre belle Terre de France. Icelles vécurent lors avec force noblesse et
honorèrent notre royaume de leurs chants.
Avec l’aide
de pointures musicales, le Quatuor Voce, notre artiste a donc fait ressortir du
passé sa vision d’une geste unique et spécifique. Les « trobairitz »
ont laissé peu de traces et elle a dû extrapoler pour créer des œuvres dans
leur esprit, désormais évanoui et insaisissable. En ressort, in hoc anno 2015,
un parfum fantasque et fantastique, rallumant le flambeau brillant de ces
premières femmes qui créèrent un répertoire musical original en Occident, qui avait
trait à l’amour profane.
Mais au-delà de cet aspect émouvant, du travail humble
et délicat consistant à fouiller des ruines, Kyrie Kristmanson a fait naître de
belles chansons intemporelles. Oyez, lecteurs et internautes !
L’humble
chroniqueur est touché, il réécoute les chansons aériennes et graciles et s’en
trouve transporté et conquis. Gentes dames, hardis écuyers, vous les manants
infâmes comme gentils seigneurs, ribaudes et marchands, prélats et clercs : oyez Kyrie, oyez la compagnie des trobairitz
qui passe et vous esbaudit !
Jérôme « le
preux » V.