Le rendez-vous fut donné au
quatrième sous-sol, dans les loges du Grand Rex. Le duo Madisen Ward & The
Mama Bear a répondu aux questions du chroniqueur de Songazine, impatient de les
rencontrer, juste avant leur concert avec Sufjan Stevens.
Madisen et Ruth Ward, assis
posément dans leurs fauteuils en feutre rouge, nous racontent l’histoire de ce
duo improbable, mère/fils : « Ma mère jouait déjà de la guitare, depuis ses 22 ans. Elle interprétait
des chansons de ses artistes préférés ou composait des morceaux originaux. Quant à moi, j’ai commencé la musique, il y a
19 ans. Nous jouions chacun de notre côté dans des bars, des clubs. On était
vraiment des artistes individuels sans musiciens qui nous accompagnaient. Notre
formation est due à un accident », rit-il et reprend : « Le duo a été créé en 2009. A l’époque, on
commençait à se rapprocher de plus en plus, en termes d’idées et de musique.
Notre entourage et le public aimaient ce qu’on réalisait à deux et nous
influencés à le faire. A partir de là, on s’est dit : Ok, pourquoi pas ».
Les influences sont nombreuses et
différentes chez les Ward. Elles dépendent de la génération. Madisen, sirotant
son thé, énumère : « Elliot
Smith m’a véritablement influencé. Il m’a permis de me lancer dans la musique. Ses
albums ont été comme une porte qu’on ouvre et qui donne sur un nouveau monde.
Nick Drake, Tom Waits, Jack White m’ont
aussi été d’une aide musicale ».
Ruth, quant à elle, ce sont les
seventies : « J’aime les
artistes comme Neil Young, Joni Mitchell, Crosby, Still, Nash. Ces personnes,
ces songwriters comme on les appelle, je les adore. Aujourd’hui, Tracy Chapman
est quelqu’un que j’apprécie en termes de musique. ».
En ce qui concerne leurs albums
favoris, pour le benjamin de la famille Ward : Five Leaves Left de Nick Drake. Le jeu de guitare est fantastique. J’ai
un très bon souvenir. Mon père le mettait souvent quand il venait me chercher
après l’école. Maintenant, je l’écoute dans ma voiture, avec comme cadre une
belle journée ensoleillée. Mule
Variation de Tom Waits est un véritable
classique pour moi. Toutes les chansons sont sublimes ». Pour
Ruth : « Miles of Ailes de Joni
Mitchell avec la chanson Real Good For Free. C’est une chanson grandiose. J’ai
toujours cette vision de cette personne qu’elle chante. Un guitariste joue au
coin de la rue. Il joue pour être libre. Elle, est riche et passe en limousine
devant lui. Elle le regarde jouer et se sent frustrée, jalouse de ne pas être
libre comme lui. Elle m’a réellement influencée cette chanson quand j’avais 17
ans. J’adore les paroles. Je l’aime juste et non tout l’album ».
Mama Bear est un surnom donné à
Ruth. Elle revient sur l’origine : « Il vient de mon fils. Il me l’a dit la première fois en 2012. Ça relate
les années de bohême de ma jeunesse, même si pour moi je n’ai pas changé de
voie depuis ». Madisen coupe : « Mama Bear sonne bien chez toi », elle sourit : « Dans mon esprit je me sens ours, une maman
ours ».
Katy Guillen & The Girls
Skeleton Crew a été chroniqué chez
Songazine (à retrouver ici).
Voici son histoire, expliqué par le jeune guitariste de 26 ans : « L’album est une succession de démos composées
en octobre, puis enregistré en novembre 2014 ». Il poursuit sur leur
producteur Jim Abbis en exprimant un éloge : « Il est venu nous voir d’Angleterre, de Cambridge. Ce mec est
génial. Il ne venait pas pour chambouler toutes nos mélodies, mais pour
répondre à des problèmes. Il nous accompagna au piano et au synthétiseur. Un
très beau moment passé ensemble », Ruth complète : « C’est un album très éclectique ».
Madisen affirme : « En
effet, dans Skeleton Crew, nous n’utilisons pas une ligne directive. On essaye
d’exprimer dans chaque chanson, un sentiment particulier. On ne joue pas du
country, du blues, nous interprétons juste de la musique ».
Dead Daffodils est un morceau qui a attiré l’attention du
chroniqueur, Madisen explique sa vision parmi les nombreuses qui peuvent avoir
sur la chanson : « Elle est un
peu triste. Ce n’est pas une histoire vraie ou personnelle. J’aime écrire des
fictions dans mes chansons. L’histoire d’un gamin à Halloween qui a pour
habitude de passer chez un vieux monsieur seul. Sauf que cette année, personne
ne l’a vu. Il demande à ces voisins. Tous lui répondent qu’il est gravement
malade. Il observe sur le palier de la porte des jonquilles mortes. Il comprendra plus tard, qu’elles symbolisaient
la mort de ce monsieur ». Mama Bear surenchérit : « Ce qui est bien avec elle, mais aussi les
autres, c’est qu’on doit utiliser notre imagination pour les interpréter.
Chacun à sa propre vision des paroles.
Tout le monde peut-être ce Mr. Foreman avec une possibilité de vie
diverse ».
Silent Movies, le morceau phare de l’album : le guitariste s’exprime
sur sa signification : Je n’ai
aucune idée. En fait, la chanson dit qu’à certain moment de notre vie, nous
n’avons pas besoin d’utiliser des mots pour exprimer nos émotions. Parfois, la
bonne manière est de juste d’écouter la musique, de profiter de la musique. Se
taire et juste jouir de la vie ». Ruth conclut : « C’est une chanson de bonheur ».
Mère et fils : des gens bien, des gens vrais |
Kansas City est la ville
d’origine de notre duo. Cependant, ils l’ont enregistré à Nashville (Tennessee).
Ils commentent ce choix : « Jim
Abbis a choisi cette ville, car elle lui
rappelait Londres. Une ville très centrée sur la musique. Nashville possède une
ambiance favorable à la production, de grands musiciens y sont nés, y ont vécu,
où y sont morts. Elle est imprégnée de leurs pattes artistiques.
L’enregistrement s’est réalisé sans problème, et on ne regrette pas ce choix ».
C’est rare de voir, un groupe
venu du Kansas. Le chroniqueur leur a demandé quelle est la vie musicale dans
leur ville natale : « Kansas
City est une ville aux musiques variées. Il n’existe pas de son propre à la
ville. Cependant tu peux trouver du rock, du blues et surtout du jazz. Elle
possède un passé très jazzy. Nous possédons de grands groupes de rock locaux.
Je t’écris le nom d’un groupe avec qui nous avons joué ensemble autrefois, Katy
Guillen & The Girls. Ecoute,
le rock est sympa ».
Ainsi s’achève cette interview.
Nous continuons à discuter en off, tout en prenant une série de photos. Le
chroniqueur s’en est allé avec très bon souvenir. Madisen et Ruth Ward sont des
personnes exceptionnelles, pleines de simplicité, de générosité, vivant pour la
musique.
Chez Songazine, on aime ce type
de personnes.
Thomas Monot